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Le statut des femmes à l'aube du XXIe siècle dans les sociétés patriarcales
Prostitution : légitimer, légaliser or décriminaliser ?
-réponse à un article paru dans la presse régionale d'une localité ou je résidais-

j'ai lu votre article concernant vos travaux sur la prostitution, et en tant que diplômé en Sciences Humaines, j'aimerai vous apporter mon point de vue concernant vos recherches et vos revendications.
Comme vous le faites remarquer, on n'exerce pas le métier de prostitué en faisant un choix librement consentis.
C'est une option que des femmes vulnérables adoptent seulement sous pression, que celles-ci soient familiales ou collectives, généralement après une phase de déconstruction psychologique entreprise dés l’adolescence, jusqu’à l’obtention du résultat requis.
Cette déconstruction consiste souvent en un viol, ce que les anglais appellent le “seasoning” ou assaisonnement en français, l’objectif étant de casser psychologiquement la victime en détruisant tous les étayages psychologiques et socio-culturels susceptibles d’entraver l’acceptation de sa marchandisation. Ainsi le seasoning par l’empreinte qu’il laisse, permet de modifier l’intégrité psychologique de la victime en lui faisant appréhender la violence subie sur un mode fantasmatique -notamment si elle fut droguée-. Cet état modifie le degré de vulnérabilité de la victime avec toutes les conséquences que cela induit si elle reste dans un environnement social pervers.

La plupart des prostitués sont donc des victimes. Mais ce n’est pas ainsi qu’elles sont perçues par la majorité, qui tolère qu’une catégorie de femmes soit destinée à être discriminées et stigmatisées.
Ce phénomène vient:
- premièrement du fait des liens qui ont toujours unis ce milieu avec les réseaux criminels.
- Cette stigmatisation a également peut être pour but fallacieux de dissuader d'autres femmes d'adopter ce mode de vie destructeur, sensé apparaître comme une alternative intéressante à la misère. Cette façon d’envisager ce type d’activité en la marginalisant, nuit en fait à la perception de la totalité de la gente féminine, en suggérant que la prostitution soit une possibilité naturelle émanant d’une perversion attribuée à la personnalité de l’ensemble des femmes elles-mêmes.
Cette façon de percevoir les femmes de manière péjorative dans les sociétés patriarcales, permet de souligner le caractère pervers de ce type de régulation sociale, qui stigmatise la population la plus fragilisée au sein d’une communauté déjà oppressée, et généralement issu de groupes socio-culturels dominés.
En fait toutes les attitudes sociales vis à vis de la prostitution dans le monde occidental est purement hypocrite, favorisant ainsi le silence et toutes les formes de dérives.

Cependant il y a un autre moyen de réguler socialement la prostitution, qui permettrait de faire en sorte que les prostituées puissent être réinsérer dans la société sans pour autant faire de cette profession une option valable, tout en changeant profondément la perception que la société peut avoir des femmes en général.

Pour cela le statut des prostitués doit changer.

Concernant l'abolition de la prostitution, il s’agit d’une option purement utopique. Une source de revenu aussi pérenne pour autant d'acteurs dans la société ne pourra jamais être abolit.

La décriminalisation aurait pu être une idée valable. Mais du même coup, on ne change absolument rien à un système qui considère les femmes comme des objets marchandables. Elles pourront d’ailleurs de ce fait toujours être amenées par la violence, c’est à dire par un processus coercitif, à devenir des esclaves sexuelles. Enfin, l'aspect financier restera toujours incontrôlable, et si la partie visible du système pourrait en apparence paraître viable, les marges ou les extrêmes demeureront toujours occultes. Par ailleurs, on peut décriminaliser une activité, mais cela ne change en rien la perception que peut en avoir la société bien pensante et donc la stigmatisation dont font l'objet les prostitués.

La seule et unique solution est bien la légalisation.
Mais cette option doit être adoptée de manière concertée avec tous les acteurs institutionnels, et doit s’accompagner d’autres réformes plus globales.

la légalisation permettrait:
-de changer la perception que peut avoir le public de cette profession, ce qui permettrait de réduire les discriminations.
-d'apporter plus de clarté dans la gestion d'un phénomène incontrôlable pour les acteurs judiciaires à partir du moment où via la corruption, les systèmes politiques ou bancaires profitent de ce système.
-d'apporter le maximum de protection aux femmes qui se retrouvent contraintes d'exercer cette profession, tant au niveau psychologique, physique, que financier, tout en restaurant leur libre arbitre et leur capacité à être des acteurs agissant sur le système qui les opresse, leur permettant ainsi de se ré-approprier et de réguler les passations de pouvoir auxquelles elles peuvent être confrontées.
-d'apporter une régulation dans les conditions d'exercice de la profession, et par rapport aux rôles de ses acteurs.
-de restaurer les droits et la dignité des prostituées, qui en étant réinsérées dans la société ne serait ce qu'en tant que contribuable, pourrait prétendre à ne plus être discriminées ou stigmatisées.
- La légalisation permettrait également de pérenniser la perception destructrice de cette activité, sans hypocrisie, en faisant en sorte de ne pas faire de ce métier une option valable que des jeunes femmes pourrait avoir le sentiment de choisir avec raison pour accéder à une vie meilleure. La pression actuellement exercée à cette fin, opère via une violence banalisée, à l'encontre des prostitués en particulier, mais en se répercutant à toute la catégorie des femmes.
C’est ce moyen de pression qui doit évoluer.

La liste suivantes des avantages de la légalisation pourrait être complétée en interpellant directement les personnes concernées:

- la nécessité d’officialiser l'existence des bars ou des bordels, leur nombre pouvant être limité. L'état doit seul en assurer la gestion et donc devenir le seul proxénète.
- empêcher la circulation de cash au sein de ces établissements. Cela permettrait de contrôler les flux financiers, et de retrouver les clients en cas de problème.
- les réseaux criminels ne devraient plus en conséquence bénéficier de cette manne.
- les prostitués doivent être rémunérées par l'état, et leur famille aidée financièrement si nécessaire, mais pas systématiquement afin d’éviter toute stratégie familiale étayée sur la cupidité.
Leur rémunération doit être en rapport avec le niveau de vie d'une femme qui travaille en usine, voir à peine plus ceci afin d’éviter de faire de la prostitution une situation viable.
-en contre partie d'un salaire bas, l'état en association avec le milieu associatif doit offrir tout le soutien possible visant à favoriser la protection, le respect et l'épanouissement psychologique, physique, et intellectuel des prostitués:
soutien thérapeutique, contrôle de santé, formation professionnelle, respect des droits, respect du libre arbitre, de la dignité, via le choix des clients, des types de pratiques, du nombre de clients..., soutien spécifique des mères de famille.
L'état doit ainsi favoriser la réinsertion des prostitués dans le système professionnel conventionnel et leur épanouissement affectif, en faisant de cette activité qu’une option transitoire de courte durée. Une jeune femme contrainte d’exercer cette activité aura à partir de là de multiple chances de sortir de ce système: soit en suivant une formation professionnelle, soit en trouvant un partenaire affectif parmi ses clients, relation susceptible d’être suivie par le milieu associatif, notamment quant aux violences susceptibles d’apparaître dans le couple.
- pour les prostitués souhaitant exercer à leur domicile, faire en sorte que les milieux associatifs assurent un lien quotidien avec celles-ci.

Tout cela permettrait d’éradiquer et ainsi de traquer toute forme de prostitution sauvage, en facilitant le travail de la police.
L'absence de circulation de cash, permettrait d'éviter toute forme de corruption, ou de blanchiment d'argent. Le paiement par CB ou chèque, permettrait également d'identifier les clients en cas de problème, et de mieux réguler les flux financiers en jeu et leur utilisation.
La suppression du proxénétisme permettrait d'enrayer le trafique d'être humain, et toutes formes de violences ou de pressions dans le cadre de l'exercice de cette activité, et de démanteler certains réseaux mafieux.

La médiation du milieu associatif permettrait de réguler l'activité des femmes, de veiller à leur bien être, à leur équilibre psychologique et d'être des observateurs attentifs de toutes dérives. La moindre somme récoltée ne devrait pas enrichir l'état mais assurer aux prostituées toutes les prérogatives qu'elles sont en droit d'attendre de la société, au titre de l'exercice d'une activité dégradante. (formation professionnelle, sécurité...)
Mais le plus important dans ce type de régulation, est peut être qu’elle apporte une autre perception de la communauté féminine dans les sociétés patriarcales.

Ce ne sont encore que quelques idées qui demanderaient a être étudiées et adressées au public concerné, mais je pense qu'elles permettent de s'affranchir de l'hypocrisie générale qui concerne l’esclavage sexuel, et qui favorise toute forme d'abus.
le silence permet tous les abus.
Globalement , on l’aura compris il s'agit de réguler cette activité, et que cette régulation soit a la fois faites par les acteurs institutionnels, associatifs et par les victimes de ce système.
Même s’il est impossible d'ôter toute forme d'oppression au sein de ce dernier, du fait des rapports de force qui émane de la sexualité, on doit par contre changer le type d'oppression. c'est le but recherche.
Tout cela n’est bien sur applicable qu’à partir du moment où la probité de la police est sans faille, c’est à dire à partir du moment où la police et l’état sont soumis à des mécanismes de régulation susceptible d’annihiler toutes formes d’impunité.
Parallèlement, au niveau financier, le secret bancaire devraitt être abrogé, les pays qui le pratiquent devant subir des pressions économiques, la mise en place d’un réseau bancaire centralisé et régulé à l’image de ce qui ce fait dans le secteur du voyage, avec le réseau Amadeus pour la réservation de billet d'avion, devenant possible avec internet.