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La perversité en tant que modèle de pouvoir

Cet article n’annule pas les précédents, mais s’inspire de nouvelles source: Enriquez “De la horde à l’Etat” ed: PUF.

I La psychologie du pervers

-Clivage et déni
Freud décrit dés sa première topique, l’importance de la complémentarité du déni et du clivage du Moi des structures perverses, en constatant que la castration n’a jamais pu être symbolisée pour ce type de structure, la menace de castration étant restée pour le pervers une menace réelle génératrice d’angoisse. Afin de mieux se protéger de l’horreur que lui inspire la castration que lui rappelle une réalité frustrante, le pervers va avoir recours au déni de la réalité et vouloir incarner le phallus castrateur, la loi.
Ce désir de toute puissance ne consiste en fait qu’à contrer son désir inconscient d’être castré. Cette composante psychique va alors amener le pervers à osciller entre sa propre idéalisation phallique, et son propre désir de castration. Cela va se traduire par un dédoublement de la personnalité, caractérisée notamment par des désirs chimériques d’omnipotences, accentuée par son insatisfaction chronique -peut être dû à une impuissance sexuelle-. Perpétuellement confronté au manque, à son impossibilité de vivre ses désirs sans limite, le pervers va rester un puit sans fond qui ne peut être comblé, c’est un dire un être aux désirs de destruction d’autrui sans limite, sans fondement (sans signifié), sans interdits.
Cette insatisfaction perpétuelle va accroître année après année sa morbidité, sa quête de pouvoir, et le pouvoir aidant, sa propension à détruire les autres.

Le clivage du Moi -ou double personnalité- permet au pervers d’accepter en partie la réalité parallèlement au déni qu’il en fait, sans qu’un des versants de cette perception dichotomique de la réalité n’influence l’autre, ce qui explique l’absence de culpabilité et de scrupule chez ce type de personnalité. Humiliation, avilissement, exploitation, objectalisation, instrumentalisation, domination, rabaissement d'autrui est le passe temps quotidien du pervers.

Ci-dessous, voici une description propédeutique de la réalité telle que le pervers la percevrait:
1) la menace de castration n’a jamais été symbolisée par le pervers. Elle est perçu comme une menace réelle. Pour éviter d’être confronté à l’angoisse qu’elle provoque, le pervers va dénier la réalité.
2) Grâce au clivage, la réalité va pouvoir être réinvestie.
Pour ce faire, le pervers va en fait développer un Ideal du Moi hypertrophique, et par déplacement, considérer la menace de castration comme une menace d’atteinte à sa toute puissance, à son omnipotence. Le pervers va en effet se considérer comme étant le porteur de la loi, en correspondance avec la perception phallique que sa mère avait de lui enfant, et avec la possible omnipotence perçu de son père. Cependant, la loi du pervers consacre le règne de la jouissance par la destruction, en contradiction avec les lois sociales et ses nombreux interdits, permettant normalement de préserver une certaine cohésion sociale.
3) Le clivage du Moi, ou le dédoublement de la personnalité va ainsi permettre au pervers d’avoir une certaine tolérance vis à vis de la menace de castration, son délire d’omnipotence contrebalançant son désir de castration.
Cette acceptation va cependant avoir pour corollaire la destruction compulsive systématique de tout ce qui est susceptible de représenter cette menace pour le pervers.
Ainsi il est susceptible de projeter son désir de toute puissance, d’omnipotence, et de castration sur autrui, parfois au départ sous la forme d’une idéalisation -qui n’est qu’une inversion de la haine lors d’une rencontre notamment-, uniquement afin de mieux pouvoir castrer la victime, c’est à dire de lui faire vivre ses propres désirs d’humiliations.
L’idéalisation projective du pervers peut être motivée par touts avantages, toutes qualités susceptibles de menacer l’omnipotence du pervers par la frustration que leurs perceptions entraînent chez lui: charme, qualité relationnel, compétitivité, humour, innocence, sagesse, harmonie, joie de vivre...l’absence de morbidité de la victime est en fait un élément déclenchant. Condamner, enfermer l’innocence, détruire l’insouciance, la naïveté, l’humour, salir le charme, la beauté, humilier la fierté, corrompre les principes, contraindre la liberté, tout cela le fait jouir. Cette idéalisation du pervers qui a lieu généralement lors d’une rencontre n’a pas de conséquence positive contrairement à une idéalisation normale, comme par exemple celle des groupies à l’encontre d’une star. La victime idéalisée par le pervers ne sera pas aidée, ou soutenue, mais manipulée dans le but d’être détruite. Le pervers se justifiera par la suite, devant la gravité des conséquences de ses actes, en déclarant aimer la victime, ou l’avoir aimer. Ce n’est pas inexacte dans la mesure ou pour le pervers la notion d’amour est intimement liée à celle de destruction.
Cependant, plus souvent un attribut de pouvoir de la victime amène le pervers à une hostilité déclarée dont il a conscience, et à l’opposé, une vulnérabilité l’amène à masquer sous de la tendresse, ses pulsions destructices. -voir le discours des pédophiles ou des Sadiques-

C’est en fait la perception de ce que le pervers va considéré comme une confirmation de la réalité de la castration qui est susceptible de déclencher son désir de destruction le plus souvent en prenant la forme d'une hostilité déclarée. “L’autre” menace son désir de toute puissance, ou par sa vulnérabilité suscite chez lui la mise en acte de cette dernière; ou autrement dit “l’autre” lui rappelle son désir d’être castré, ou qu’il a le sentiment de pouvoir le détruire, et de mettre en jeu son impunité.

4) Cette alternance manipulatoire du statut de la victime, cette objectalisation peut revêtir plusieurs significations: porteur du phallus/castré, menaçant/menacé, maître/esclave, sadique/masochiste, modèle, référent social/anéantissement social, et ne vise en fait qu’à anéantir la victime.
Dans le cadre de ce délire, d’un coté, toute castration, toute blessure, toute vulnérabilité, toute cicatrice chez autrui doit être comblé “phalliquement”.De l’autre tout symbole de pouvoir -phallique-doit être détruit -castré-. C’est dans l’anéantissement du représentant de la réalité de la castration -par projection- que s’annulera son délire, car il s’agit bien d’un délire.

-Ce délire est caractérisé par l’ambivalence du pervers.
Le pervers est un être duplique. Ceci est dû au clivage de sa personnalité. On peut ainsi en souligner quelques traits
. Une Probité ostentatoire afin de contrebalancer son absence de principe, de scrupule, de culpabilité, de limite.
. Un obsession pour l’ordre, le contrôle, la maîtrise, afin de contrebalancer son désordre intérieur, son impossibilité de contrôler ses pulsions, ses désirs.
. Une rationalité apparente afin de contrebalancer l’irrationalité de ses désirs et de ses décisions.
. Une avidité, une cupidité sans limite pour contrebalancer ses gabegies.
. Un comportement distingué, policé, pour masquer sa fascination pour la violence et la destruction.
. Une propension à l’idéalisation, afin de contrebalancer l’insatisfaction, la déception qu’il trouve dans la réalité.
. La recherche permanente de jouissance pour combler son insatisfaction chronique. -généralement dans la destruction de ceux qui arrivent à tirer des satisfactions de la vie-
. Une socialité prolixe pour contrebalancer son incapacité à supporter la solitude.

- le pervers et la loi
le pervers est un être gouverné par l’omnipotence qu’il accorde à ses pulsions, à ses envies, à ses désirs. Lorsqu’il veut quelque chose aucun interdit social ne l’arrête, et cette complexion psychique va conditionner ses choix professionnels et sa quête d’un statut élevé qui va pouvoir le placer au dessus des lois.
Cette structure du pervers renvoie au déni de castration. Le pervers a été le centre d’intérêt de sa mère à un tel point -dans une relation sadique ou laxiste qui lui a fait connaître très tôt la violence, la sienne, celle de son père ou celle de sa mère- , que celui-ci n’a jamais pu appréhender l’existence d’un tiers incarnant la Loi: le père.
Accepter que puisse exister un pouvoir susceptible de l’entraver, de le réguler, c’est à dire reconnaître l’existence du père, ou l'omnipotence de ce dernier, ce serait reconnaître le fait que la mère ait pu désirer un “autre” que lui, et donc à la fois accepter la castration de celle-ci, et remettre en cause sa propre omnipotence qui lui est conférée par celle qu’il fantasme à l’endroit de sa mère, ou qu'il perçoit chez son père comme injustifié car remise en cause par sa mère. Les imagos parentaux du pervers pousse en effet ce dernier à réaliser sa propre omnipotence. L'omnipotence de la mère entre en conflit en fait avec celle du père, ce conflit consacrant celle du pervers.
Ainsi le pervers va se considérer comme le porteur de la Loi, comme son incarnation, comme le phallus castrateur, comme un dieu.
Le délire du pervers vient en fait de l’inversion de son désir inconscient d’être lui-même châtré, et qui peut être interprété symboliquement comme un désir d’être châtié, de perdre la toute puissance qui lui impose un maîtrise constante pénible, une impossibilité de se laisser aller, d’avoir confiance, d’aimer, et un sadisme de tout les instants. C’est pour cette raison que le pervers est dans le registre du contrôle, de la maîtrise.
Le fait de se poser en créateur de loi, est aussi lié à une des différenciations sociales entre l’homme et la femme, entre le dominant et le dominé: créer des lois, des règles et les faire respecter. Le pervers se rassure ainsi quand à son identité sexuelle, en rejetant sa féminité.
Il recherchera en conséquence la compagnie de pervers comme lui, telles que les hystériques aigues par exemple, susceptibles de reconnaître son pouvoir, et d’avoir le même sentiment d’omnipotence que lui, d’avoir recours au déni de la castration comme lui pour contredire une réalité remettant en cause un narcissisme défaillant mal compensé par un idéal du Moi hypertrophique. Le pervers par le pouvoir de destruction qu'il véhicule a par ailleurs la capacité le cas échéant de rendre hystérique toute femme, ou plus globalement de rendre pervers qui que ce soit, l'autre étant amené à fonctionner conformément aux lois du pervers s'il veut vivre.
Le rapport à la loi du pervers n’est donc pas inexistant, mais il est en fait gouverné par la recherche de jouissance sans limite en détruisant autrui, ce que lui interdit les lois immuables du Socius.
La Loi est constructive car elle permet le socius, le lien social. C’est ce lien que le pervers va s’attacher à détruire, afin de pouvoir se vivre tel un dieu, de se vivre prédestiné, et de donner libre cours à sa jouissance.
Par ailleurs, comme nous l’avons déjà vu, le pervers transgresse également la loi pour se rassurer quant à son impunité, quant à son fantasme d’omnipotence. Cependant plus il transgresse la loi et plus il angoisse -désir- d’être castré. Pour contrer cette angoisse, cette propension à enfreindre la loi va devenir compulsive.

Le pervers est en conséquence souvent un être froid, sans sentiment, toujours soucieux d’efficacité, obsédé par la répétition -rituel, cérémonie-, le conservatisme, qui rejette toute forme de progrès, exerçant généralement un métier où il va pouvoir exercer pleinement son autorité.
Ainsi, on retrouve bon nombre de pervers à des postes de fonctionnaire consciencieux, obsessionnel, obéissant, -cette soumission étant le corollaire et la source de leur agressivité, de leur autorité, et de leur cruauté-. En effet, le système bureaucratique offre à nombre de responsables de vivre leur omnipotence sans aucune contrainte, sans aucune régulation.
Pour enfreindre la loi, il faut du pouvoir, d'où l'attirance du pervers très tôt pour le pouvoir et l'argent.
C’est d’ailleurs dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, que le pervers va généralement pouvoir assouvir ses lubies: que tout soit conforme, ordonné, réglé, sans imprévu, sans hasard, sans changement. Le pervers n’aime pas la créativité, excepté lorsqu’elle est susceptible de servir ses desseins. Ces derniers ne sont d’ailleurs jamais originaux, ou grandioses, car il n’a pas de projet collectif à proposer. Il n’a aucune envergure, et laissera les choses telles qu’elles étaient avant lui, ou dans un pire état. Le pervers est en fait davantage préoccupé par la réalisation instantanée de ses pulsions, et cherchera à organiser le système pour cela. Enfin il n’aime pas procréer, sans que n’entre en compte aucune justification économique, mais simplement du fait de sa phobie de la castration, la reconnaissance de la filiation le renvoyant tout comme la reconnaissance de la loi du père, à cette dernière. Ceci dit la procréation peut servir d'alibi protecteur au pervers, lui permettant de sauvegarder une apparence sociale convenable, voir exemplaire, la constitution d'une famille lui conférent la même exemplarité qu'il recherche en respectant en apparence la loi. C'est pour cette raison que le pervers exerce souvent une profession qui le place au dessus de la majorité, souvent en relation avec le droit, l'histrionoisme et le voyeurisme: carrière dans le droit, la police, le secteur de la communication, les sciences, la religion, l'armée, ou le spectacle. Une bonne connaissance des lois permet au pervers de mieux les enfreindre, et un statut élevé, de mieux se protéger en invoquant une entité globale supérieure, lui permettant de légitimer des actes délictueux: justice, religion, l'honneur de son pays...Plus l'environnement sociale -professionnel par exemple- du pervers est coercitif, autoritaire et plus le pervers se vivra comme un dieu à son niveau.

C’est le fait d’enfreindre les loi qui va permettre au pervers de se prendre pour un dieu. Et c’est parce qu’il se prend pour un dieu qu’il va pouvoir enfreindre les lois, sans que n’apparaisse aucune culpabilité.

-la perversité et le déisme
Le pervers se considère donc comme le détenteur de la Loi. Ceci est très étroitement lié au déisme, et aux valeurs véhiculées au sein des religions monothéistes, et à ce titre, la perversité est susceptible de devenir un véritable système. Même si la perversité peut s’épanouir au sein de tout type d’organisation, le monothéisme par la perception du dieu unique omnipotent qu'il prône en favorise davantage la propagation.
Cependant, Communisme, ou capitalisme, patriarcat ou matriarcat, paganisme ou monothéisme, tous ces modes de penser la réalité, d’organiser la cohésion sociale, sont susceptibles d’être détournés à des fins perverses.
Caligula, par exemple fut un pervers notoire en son temps, qui ordonnait à ses sujets de le vénérer comme un dieu. Il me semble que c’est également lui qui empalaient sur des pieux les sujets qui ne lui plaisaient pas, ou qui le contredisaient.

Le déisme est donc intimement lié à la perversité, ce qui est assez révélateur de la dangerosité du pervers, car on sait que pour toutes les religions, seul un dieu peut reprendre la vie qu’il a donnée. Il s’agissait au départ de prévenir par un interdit fondamental le meurtre intra-communautaire. Mais comme on vient de le voir, le pervers ne connaît pas les interdits, qui ne sont fait que pour les autres.
Ce lien entre déisme et perversité, vient de l’enfance du pervers. En effet, un enfant jamais entravé dans ses désirs mais aussi parfois perpétuellement frustré de manière sadique, a tout les chances de développer un désir de grandeur sans limite, une omnipotence, une toute puissance étayée par une perception valorisante de la perversité. Dans les deux cas, frustré ou comblé, l’enfant sera très tôt fasciné par la violence, la cruauté, le pouvoir, la manipulation d’autrui, l’avidité et la cupidité.
C’est ce qu’on pourrait appeler le syndrome du fils unique, mais qui concerne également les aînés, ou les enfants de sexe féminin qui dans ce dernier cas peut aboutir à une complexion hystérique perverse.
Ce syndrome est souvent causé par une mère qui va idéaliser son enfant, on l’a déjà souligné- au point de le considérer comme un dieu, comme le phallus qui lui a toujours manqué. Mais il peut être également causé parallèlement par l'omnipotence d'un père remis en cause ou non par la mère. Le pervers va alors s’imprégner de cette perception, et détruira une fois devenu adulte tout ce qui est susceptible de la remettre en cause.
-on notera que l’hystérie sur un mode dépressif est souvent la conséquences d’un abus sexuel précoce de la part d’un pervers. C’est en fait l’un des moyens utilisés par les pervers afin de générer de la perversité par contagion, afin de normaliser, de banaliser la perversité.-
L’aspect manipulateur du pervers renvoie peut être à la période du lancé systématique d’objet rapporté par la mère, et/ou à la période de crise de la personnalité -du “non”- qui a lieu vers l’age de trois ans.
La mère du pervers s’est peut être laissé manipulée -sadisée- par son enfant indéfiniment sans jamais poser de limite.

- le pervers dans sa relation aux autres
Le pervers est facilement repérable car il est caractérisé par:
- une intolérance à la frustration, au manque, au refus, une incapacité à se remettre en cause.
- une fascination pour la mort, pour la violence, pour la destruction, et pour tout attributs de pouvoir
- un désir d’omnipotence, de toute puissance en relation avec un Moi hypertrophique.
- un haine d’autrui, de tout avantage.
- le déni étant lié au stade anal, le pervers est également gouverné par une propension à tout contrôler, maîtriser, connaître.
- une fixation au stade oral: dévorer, incorporation buccale notamment dans la sexualité, et certain goût pour la communication.
- une sexualité abordée seulement dans le cadre de relations sado-masochistes.
- des tendances à l’exhibitionnisme, -histrionisme: se met en scène- et à un voyeurisme actif -envahissement d’autrui, met en scène les autres-.
- une confusion entre dominance et perversité -pouvant devenir systèmique par contagion-

Mais ce qui le caractérise le plus, c’est que Le pervers prend du plaisir à anéantir les autres et à les corrompre. Cette corruption se fera par la normalisation de la perversité. L’anéantissement se fera par des humiliations et des provocations répétées. Plus globalement, le pervers apprècie pleinement la vie, lorqu'il voit les autres mourir autour de lui.
La perversité posé en modèle référent, permet au pervers qui dirige un système de faire adhérer chacun à son code de valeur, c’est à dire de mettre tout le monde en concurrence. Cette perversité généralisée flattera son ego s’il est au sommet, et notamment puisqu’il est intouchable, consacrera son omnipotence.
Systématisée, cette corruption des individus se fait par le recours à l’humiliation, qui souvent entraîne une réaction de la victime, interprétée comme une manifestation de pouvoir par le pervers qui entraînera elle-même une nouvelle humiliation, jusqu’à la soumission complète de la victime. Cependant, ce type de système a besoin de son lot régulier de bouc-émissaire, de victime à anéantir, afin de restaurer une cohésion déliquescente inhérente à son fonctionnement.

Le recours à l’humiliation revêt une double fonction:
elle consiste d’abord à mépriser l’objet castré, sa stupidité supposé -là encore une projection du pervers-, mais surtout ce mépris n’est qu’un moyen détourné pour le pervers de mépriser la menace de castration, sa réalité, tellement effrayante pour ce dernier, de contrer l’angoisse qu’elle lui inspire. Parallèlement, elle consiste à anéantir toute forme de pouvoir de la victime, et à la soumettre aux lois. -de jouissance sans limite, d’omnipotence, de destruction, de prévalence de l’argent-, qu’il souhaite substituer aux lois favorisant le lien social.
Il s’agit également de lutter contre sa perception de la castration comme une menace réelle. Pour persuader les autres de cette réalité, il va castrer -détruire- les autres en permanence, en incarnant lui-même cette menace.

Dans le cadre d’une relation interpersonnelle -c’est la même chose au niveau systémique-, le pervers peut se permettre de détruire et de jouir de cette situation tant qu’il sait qu’il ne risque aucune représaille. C’est d’ailleurs cette impunité, et son inaccessibilité pour la victime qui le met dans un état jubilatoire, et qui peut l’amener à déclarer aimer la victime, tout en la détruisant, ou à déclarer la haïr toujours en la détruisant ouvertement tout en ayant une grande “affection” pour elle.

La victime ignore d’ailleurs généralement qu’elle a déclenchée les affects du pervers, et ne réalisera que longtemps après les manipulations dont elle est l’objet de la part de ce dernier. Le fait d’agir à l’insu de la victime ajoutant encore au plaisir de celui-ci.
Ces manipulations globalement consistent en fait à faire osciller la victime, toujours sans qu’elle ne le réalise, entre la propre idéalisation phallique et la propre castration symbolique du pervers, au gré de son ambivalence vis à vis de ses pulsions et de ses angoisses, et au gré des réactions de la victime. Le pervers va en fait confronter en permanence celle-ci au manque, en la frustrant, en lui inculquant sa jalousie, son intolérance, en la poussant à devenir envieuse, en la poussant au meurtre, en l’humiliant; en l’évinçant en permanence.
Le pervers utilise en réalité la victime, afin d’éprouver son omnipotence, en l’objectalisant dans un va et vient dynamique ritualisé, qui s’inscrit dans une symbolique “copulatoire” entre la déchéance et l’idéalisation. Le pervers fait en fait vivre à la victime ses propres fantasmes de déchéances.

En terme psychanalytique, le pervers va passer son temps à castrer sa cible soit parce qu’elle possède un symbole de pouvoir qu’il convoite ou qu’il considère comme une menace, -et qu’il va en fait s’acharner à détruire-, soit parce que l’impuissance de cette dernière au départ, invite le pervers à l’anéantir totalement.
Dans les deux cas, la cible rappelle donc au pervers la réalité angoissante de la castration.

Réaction ou non de la part de la victime, le pervers continuera de l’attaquer et notamment son identité, sa personnalité, sa socialité, son humour. Cette destruction se soldera au moins par une mort sociale partielle ou totale de la victime, ce qui ne dépendra que de la volonté du pervers.
Rébellion -le refus de la castration- ou soumission -adhésion au système pervers- de la part de la victime, ne la préserve donc en aucun cas d’une destruction totale, car dans les deux cas, les affects du pervers sont susceptible d’être attisées, ses pulsions morbides d’être stimulées.


Le pervers est en fait dangereux car il ne lâche jamais prise, il est pris dans son délire et reste incapable de se remettre en cause -ce serait remettre en cause sa toute puissance, qui est très étroitement liée à son identité-.
Le pervers considère en effet qu’il doit être le seul à incarner le pouvoir, et il souhaite le montrer.
Toute tentative de la victime pour se réapproprier sa liberté, pour se défaire de l’emprise du pervers, ne fera qu’exciter chez ce dernier un regain de violence, qui peut accessoirement se retourner contre toute personne ayant la volonté d’aider la victime. Ainsi, il est quasiment impossible de se défaire de l’emprise d’un pervers, -que ce soit à un niveau interpersonnel, ou politique pour un pays- si ce n’est en le tuant -réellement ou symboliquement à l’aide de la justice, seule instance capable de ramener ce dernier à la réalité-

Le pervers est également dangereux car il est totalement exempte de toute culpabilité, de tout scrupule. Ainsi, toujours sur le mode de la projection mais consciente cette fois, il est susceptible de faire passer la victime pour plus perverse que lui, de lui attribuer ses traits de personnalité : sans limite, responsable des conséquence de ses exactions, la rendre coupable aux yeux de tous. Le pervers n’hésite d’ailleurs pas , à détourner ce que peut dire la victime, jamais dans le cadre d’un échange, mais plus souvent sous la contrainte, afin de la dénigrer davantage, tout étant retourné contre celle-ci, tout étant matière à une interprétation allant dans le sens de l’intégrité du pervers, dans le sens de l’exonération de sa responsabilité vis à vis de ses crimes.
On observera que le pervers, pour cette raison, n’a qu’une faible conscience de ce qu’est la méchanceté, la cruauté, de ce qui fait souffrir autrui, et la différence entre le bien et le mal relève strictement de sa subjectivité.
Le pervers ne se sent pas méchant, car non seulement il n’a aucune empathie, mais surtout parce qu’il se trouve dans une spirale ludique qu’il ne considérera jamais comme un délire morbide. Il confronte simplement l’autre au manque en permanence comme lui -par rapport à son environnement social-, et c’est ce manque qui le pousse a vouloir constamment vérifier, à constamment vouloir éprouver son sentiment de toute puissance au détriment d’autrui.

Le pervers fait également de la vie des autres un cauchemar à l’image de ce qu’est sa propre vie, du fait de son intolérance à la frustration, et de l’oscillation permanente où il se trouve, partagé entre ses pulsions sadiques et masochistes, entre son insatisfaction chronique, et les lois immuables du socius interdisant la réalisation de ses pulsions. Cette oscillation va en fait être le moteur fonctionnel du pervers, et tout sa stratégie va être de l’appliquer à sa victime.
La victime soumise, c’est à dire généralement détruite, le pervers va alors pouvoir restaurer son propre sentiment d’omnipotence phallique rassurante -rien de peut le castrer-, et trouver d’autres crimes à commettre susceptibles d’éprouver son omnipotence. Cette exigence de soumission n’a rien à voir avec l’amour. Elle ne concerne que la frustration, l’envie, la morbidité, dû à l’impossibilité où le pervers se trouve de vivre touts ses fantasmes -notamment masochiste, de castration, d’humiliation-. Ainsi le pervers va projeter ces derniers sur autrui, et lui faire vivre les humiliations qu’il aimeraient vivre lui-même afin de pouvoir enfin accéder au plaisir.

L’utilisation de l’humour ou de mise en scène tournant en dérision les violences infligées à la victime, est toujours du même ordre: tourner en dérision la réalité angoissante de la castration, se moquer de la castration.
Ceci est prégnant socialement, mais on retrouve également cette tendance dans la sexualité du pervers.
C’est ainsi que l’on peut voir sur internet de nombreuses mises en scène violentes, cruelles, ou humiliantes, dénigrant le femme, les gays, et plus globalement la sexualité dans sa composante féminine, sur un mode humoristique.

L’humour est en fait un des moyens de corruption du pervers, avec les menaces, la violence, et plus rarement l’argent. Mais c’est principalement par le rire que le pervers va amener les autres à devenir pervers.
Mais ce n’est pas l’humour du pervers qui fait rire, c’est la conception de la sexualité qu’il dévoile. Des gens saints et responsables peuvent rire de cette conception qui voile à peine la dangerosité du pervers. Mais bien que le pervers ait l’air en apparence normal, avec du recul, chacun va pouvoir se rendre compte que le pervers est un dangereux malade en liberté, qui banalise des comportements médico-légaux en toute impunité, et qui tente de corrompre autrui avec son anormalité.
Le pervers fait peur après un certain temps, car il n’a pas de limite, il est dangereux, il a du pouvoir, un statut important qui le place manifestement au dessus des lois, et il s’organise facilement en réseau. Tout cela est susceptible de faire de chacun une cible potentielle, car systématisée, cette violence destructrice est susceptible d’être banalisée, acceptée par la société en tant que valeur positive, et devenir ainsi structurelle. On assiste alors à ce moment à une déliquescence morale, et cohésive qui n’échappe à personne. Tout le monde se méfie de tout le monde.
Un autre de ses moyens est tout aussi pernicieux: normaliser la perversité, la destruction, générer de l’hystérie -par la désignation de bouc-émissaire, ou en normalisatant la pédophilie-.
Lorsque le pervers a un certain statut social, ce qui est souvent le cas, on peut constater que son goût pour la compétition à force inégale, ou de manière déloyale, ses échecs répétés amortis par l’aisance de sa famille, ou son incapacité à se remettre en cause, va étonnamment l’amener à prôner et à favoriser une violence permanente dans les rapports sociaux, jusqu’à l’anéantissement de toute cohésion. Le pervers détruit en fait toute humanité. La désignation de bouc-émissaire régulier permettra de restaurer cette cohésion momentanément, tout en accentuant sa déliquescence après coup.
Une autre façon d’instaurer un système pervers, est de rendre possible et montrer un type de relation sexuelle, par une mise en scène, par une mise en acte susceptible de modifier la perception que peut en avoir tout un chacun. Tout cela obéit à une stratégie du pervers, qui vise à corrompre le système social, à le rendre favorable à ses exactions par la banalisation, par la normalisation, afin que ce système devienne lui-même pervers.
De plus, confronter un enfant à la génitalité de manière précoce, et dans le cadre d’un rapport de force inégal est destructeur, et génère des pathologies telles que l’hystéries ou la dépression. Si la victime ne se suicide pas en grandissant, elle intériorisera et deviendra un vecteur de la perversité considérée comme normale -voir le lien entre perversité et hystérie-.
La marginalité, le suicide, la folie, consécutive aux violences infligées par le pervers, n’entrent pas en ligne de compte pour ce dernier. Le pervers se réfère à l’impitoyable sauvagerie du monde animal, pour relativiser les conséquences de ses crimes.

Le déni sans ce clivage ferait du pervers un psychotique, et c’est effectivement à ce type de décompensation -paranoïa, maniaco-dépression- à laquelle on assiste lorsque le pervers se retrouve confronté à la justice.
Plus rarement, le pervers abandonnant son clivage en thérapie, devient seulement impuissant dans la réalisation de ses désirs de destruction -c’est à dire de jouissance-, du fait de la conscience qu'il acquiert de l’impossibilité où il se trouve d’accepter la castration que lui rappelle la vision du sexe féminin, composante qu’il exprime habituellement dans le mépris qu’il peut avoir pour les femmes et la féminité. Il accepte son impuissance sexuelle.
En fait, une appréhension non clivé de la réalité -la femme est bel et bien castré- annihile toute volonté de détruire symboliquement la toute puissance phallique maternelle compensatoire qu’il fantasme chez les femmes, et plus globalement toute perception lui rappelant la réalité de la castration.

Avec l’abandon du clivage lors d’une thérapie, le pervers appréhenderait donc la réalité différemment:
1) le pervers va réaliser qu’il lui est impossible d’accepter la castration. (Déni) Cependant, il va pouvoir la symboliser, et relativiser l’angoisse qu’elle provoque.
2) l’acceptation du déni -et donc l’acceptation de l’horreur de la castration-, va entraîner un abandon du clivage, et va annihiler en même temps la recherche compulsive de jouissance perpétuelle, réalisée dans la destruction d’autrui, afin de contrer son angoisse. Parallèlement, le pervers va revoir à la baisse ses prétentions narcissique. Il va ainsi pouvoir accepter le fait que personne n’est parfait, réaliser son intolérance pathologique au manque, relativiser ainsi ses frustrations, et accepter la dimension criminelle de certains de ses comportements. Enfin il va pouvoir accepter une autre loi que la sienne, et relativiser le pouvoir de l’argent.
3) Réalisant que son désir de jouissance permanent n’était nécessaire que pour le rassurer dans sa lubie d’omnipotence, le pervers va pouvoir reconstruire son histoire en acceptant la filiation familiale, en acceptant que les femmes puissent aimer un autre que lui.
4) la symbolisation de la castration laissera place à un sentiment de culpabilité fertile à l’épanouissement de sa personnalité, et à la construction de sa vie. L’acceptation de son impuissance sexuelle sera généralement la conséquence de ce processus, potentiellement transcendé par l’absence de rejet de la composante féminine de sa personnalité, inhérente à chacun, et plus globalement par une nouvelle approche de la sexualité désinvestie de tout violence.

- la sexualité du pervers
On retrouve tout cela également au niveau de la sexualité du pervers. Le harcèlement est ludique pour le pervers et reste un dérivatif à une sexualité dont il ne tire aucun ou peu de plaisir.
Globalement, moins la ou les femmes procure du plaisir à l'individu et plus il sera pervers, c'est à dire plus il cherchera sa jouissance par des dérivatifs en focalisant sur un type de partenaires, ou de pratique.
Le voyeurisme renvoie à l'impossibilité du pervers de donner du plaisir à son partenaire. Partager son ou sa partenaire avec des tiers permet de donner au pervers le sentiment qu'il peut faire éprouver par procuration du plaisir à celle-ci ou à celui-ci. En même temps, pour le pervers le plaisir est sale, vile. Le pervers peut alors jouir de la salissure infligée à la victime, sous la forme de fantasme projectif de ce que le pervers aimerait lui-même subir.
Le mépris que Le pervers peut avoir des femmes ne fait pas de lui un adepte du cunnilingus. Il sera davantage attiré par les interdits sociaux, ou moraux.
L’horreur de la castration le pousse même à rejeter la plupart du temps la génitalité, excepté dans une configuration humiliante pour sa partenaire, pour préférer les rapport buco-génitaux ou il domine, susceptible de lui éviter la vision du sexe féminin, et à la fois de satisfaire à son désir d’objectalisation de sa partenaire, en l’occurrence son visage par le détournement de la composante sociale de ce dernier. La perversité s’exprime de façon idoine dans la systématisation des relations dominant/dominé, le pervers, ou la perverse affectionnant également la position de dominé. Plus il rejettera cette composante de sa personnalité, plus le pervers est pathologique et dangereux. -tout en sachant que même lorsqu’il accepte cette composante, le pervers reste sans limite, et l’impossibilité de vivre tout ses fantasmes, ainsi que sa frigidité, son impuissance sexuelle, l’amène de toute façon à détruire autrui ! ! !- Plus le pervers a une vie publique empreinte de dignité, plus il aura le désir d'être rabaissé dans sa sexualité. Malmené la réputation de quelqu'un permet au pervers d'assouvir ses propre fantasme de déchéance.

Dans tout les cas, la frustration aidant, le pervers projettera donc ses désirs et fantasmes inassouvis sur autrui, le cas échéant de manière criminelle. Le pervers conforté par son omnipotence, sait ainsi mieux que son/sa partenaire -ou sa victime- comment lui faire prendre du plaisir, toujours en rapport avec la menace de castration, avec l’humiliation. Le pervers ne connaît pas la séduction, il est dans l’immédiat, dans l’envahissement et se sert de la contrainte pour parvenir à ses fins. Il passe directement de la rencontre à la réalisation de ses pulsions destructrices. Le pervers ne tient aucun compte d’autrui.
Il ne faut pas confondre le libertin avec le pervers. Le libertin est au contraire très attaché à son/sa partenaire, tiendra compte de la réciprocité du plaisir, et a compris que de la phase de séduction va dépendre toute la relation à venir, et notamment la confiance donc l’amour qu’il va y avoir entre les partenaires.
Le libertin est dans la rencontre de l’autre, dans sa découverte, et sait autant donner que prendre de la tendresse. Le libertin est un matérialiste épicurien remettant en cause involontairement par son attitude, l’hypocrisie de l’idéal romantique chrétien, du fait que la séduction soit considéré comme une perversité par certaines églises dans la mesure où elle est une fin dans la recherche du plaisir et non systématiquement un moyen pour procréer.
A l’opposé, le pervers est un psychopathe. Il objectalise la victime, et en conséquence n’a besoin de connaître que les faiblesses de l’autre pour mieux le détruire. Poussé à son paroxysme, cette dimension peut accessoirement amener le pervers à exercer le métier de proxénète, à marchander la victime. La nature des liens entre le monde de la prostitution et le monde politique soulignent d’ailleurs le degré de perversité d’un système à travers celle des individus qui le gouvernent.

Le concept de mort est très présent chez le pervers. Salir autrui, le faire souffrir rejoint l'idée de donner la mort à autrui, ce qui renvoie le pervers à sa propre mort, et à l'angoisse qu'elle suscite en lui. Tout cela reste cependant ludique. Pas de jeu, pas de risque, pas d'interdit, pas de plaisir pour le pervers. Cela renvoie le pervers à son désir d'être castré par la loi, symbolisé par un père omnipotent, rendu lui-même impuissant par l'interdit que va enfreindre le pervers dans sa recherche de jouissance.

Concernant les dérives auxquelles on peut assister sur internet.
N’importe quel homme à mon avis, affectionne de se comparer aux autres, et nombreux sont ceux qui vont sur internet voir les prouesses de leur congénères, leur capacité à donner du plaisir à leurs partenaires.
Le pervers lui a une approche totalement différente. Il n’attache pas d’importance au fait qu’une femme prennent vraiment du plaisir, mais seulement au fait que sa cicatrice soit comblée par un phallus.
Pour le pervers cette vérification de restauration phallique des individus castrés, devrait être semble-t-il, systématique, car étant donné que toute femme représente une menace, pour bien faire, elles devraient toutes se retrouver sur internet filmées durant leur ébat.
Certaines femmes qui ont du charme ou une certaine beauté plastique exciteront encore davantage chez le pervers ses tendances au rabaissement, au fétichisme, à la cruauté, à l’humour sordide, ou au dénigrement.
Après les femmes, castra par excellence, le pervers s’intéresse également aux gays, et aux enfants, autres représentant bipolaire de se conception castré/détenteur du phallus.
Castré, la cible doit être comblée par un phallus toujours afin d’anéantir la menace de castration qu’elle représente.
Phallique, la cible doit être castré. On voit que dans les deux processus, l’objectif est d’annuler la menace de castration, la réduire à néant, c’est à dire exorciser l’angoisse de castration du pervers, son propre désir d’être castré.
Le pervers dans cette quête attachera son dévolu in fine logiquement sur le type de victime le plus vulnérable de son point de vu, c’est à dire le plus susceptible d’assouvir totalement ses pulsions de destruction. Un femme, un gay peut s’en remettre, même si cela peut prendre des années. Un enfant ne s’en remettra jamais. C’est pour cette raison que cette catégorie représente la cible de prédilection des pervers dans leur délire d’anéantissement de la menace de castration qui les taraude. Anéantissement phallique, ou comblement de la castration, la destruction sera partielle ou totale et ne dépendra que de l’arbitraire du pervers, et peut aller jusqu’au meurtre effectif, après le meurtre psychologique.
Le fait de filmer les exactions commises n’est pas anodine pour le pervers. En effet, la caméra est un objet phallique, qui permet aux pulsions exhibitionnistes et voyeuristes du pervers de s’exprimer, non pas en se mettant toujours en scène, mais en mettant surtout autrui en scène, tout en permettant de faire participer d’autres pervers, ou de corrompre autrui, parfois en l’amenant à trouver normal l’intolérable.

-on pourra objecter que la perversité est normale, au même titre que la guerre, ou que le cannibalisme. Tout n’est qu’une question de conditions environnementales et sociales, d’importance accordée à la cohésion, à la construction, de tolérance des valeurs sociales, de leur rôle régulateur, et de conséquences au niveau collectif et notamment en matière de psychopathologie et de criminalité. Cependant, rien n’oblige à la perversité contrairement à la guerre, ou au cannibalisme- .

note: Cependant, il existe désormais une nouvelle drogue du viol, qui ne laisse d’un viol que des souvenirs au niveau inconscient à peine perceptibles, si la victime n’est pas informée sur les effets de celle-ci. Peut être que finalement cette drogue permettra de ne pas laisser de traumatismes psychologiques aux victimes, tant qu’elles n’apprendront pas ce qui leur aient arrivé, et tant que les vidéos réalisées -inhérent à la perversité- ne serviront pas à les stigmatiser ou à les marginaliser. Cependant le pervers étant sans limite, est ce que cette drogue ne pourra pas permettre à certains de systématiser l’assouvissement des meurtres physiques filmés, d’enfants, de femmes ou de gays. Telle est la question que je me pose aujourd’hui.

II Le discours du pervers et la réalité

Formellement le discours du pervers est rigoureux.
Il fait peu d’erreur de langage car tout agencement doit être toujours parfait. Cependant les mots ne sont considérés que comme des objets permutables, interchangeables, sans considération pour leur sens.
Le pervers affectionne l’ordre, la propreté, en apparence. C’est d’ailleurs par l’agencement, l’organisation, par la mise en scène, par le respect de certaines règles parfois connues de lui seul, que le pervers va trouver son plaisir.
Le corollaire de cette tendance va consister en une obsession pour le classement, les méthodes, les protocoles, le conservatisme, les chiffres, le quantifiable dans le seul but de pouvoir toujours mieux connaître, contrôler, maîtriser, justifier, persuader.
Cependant, une analyse globale de l’organisation, des structures mises en place par le pervers se caractérise par une absence de sens, d’harmonie, par le désordre, l’anarchie. Le pervers n’étant gouverné que par une seule chose, imposer sa loi favorable à la réalisation de toutes ses pulsions, tout ce qu’il est susceptible d’organiser va être sans perspective, sans anticipation, sans projet. Il va en fait consacrer le règne de la destruction et de l’anomie, du non sens. Ce propension va en fait masquer son incapacité à organiser, à trouver du sens à ce qu’il fait. Un législateur pervers promulgue par exemple systématiquement des lois incohérentes, empreintes de contradiction, dont l’application révèle souvent l’iniquité, suscite la polémique. Pour cette raison, le pervers est conservateur et se réfère souvent à certains de ses prédécesseurs, qui ont généralement marqué l’histoire, ou dans le pire des cas, à la religion comme aux états unis.

Le pervers prend en fait ses désirs pour des réalités, car rien ne lui a jamais été interdit ou alors dans la violence. La Loi du socius, -de la cohésion- la réalité l'empêche de jouir, de détruire. Elle est en fait une forme d’entrave pour lui qu’il peut accepter, mais qu’il ne cessera de tenter de contourner, car elle l’empêche d'instaurer le règne de sa jouissance, de vivre son omnipotence. Régenter, organiser de l’intérieur, le désordre à l’extérieur, créer de l’entropie, manipuler les êtres , les corps, les désirs, les jouissances, la vie des autres va alors devenir son occupation à plein temps, jusqu'à ce qu'il puisse agir comme bon lui semble.
L'objectif du pervers va en fait consister à construire un système lui permettant de satisfaire ses pulsions, de systématiser la réalisation de ses désirs.
Un exemple: la mondialisation des réseaux de pédophile aujourd’hui, et la véritable industrialisation de la prostitution, non sans l’assentiment de politiciens de touts pays. C’est également le principe qui gouverne le monarque féodal, ou les ministres des religions monothéistes

Le discours du pervers est pour ces raisons en apparence de l’ordre du rationnel, afin de contrebalancer l’irrationalité de ses pulsions. Mais on retrouve l’anarchie qui le gouverne dans le non sens de cette rationalité formelle.
Le pervers est d’ailleurs capable de tout expliquer afin de masquer sa subjectivité arbitraire omnipotente. Seulement, en dépit de sa force de persuasion, les faits se révèlent souvent désastreux, destructeurs. C’est à une gabegie permanente qu’il confronte les autres, afin de satisfaire sa propre avidité, sa propre cupidité.
Le pervers n’est donc en aucun cas agnostique, car tout peut être démontrer, que ce soit par la science, par la technique, ou par la religion et le mystique si cela s’avère nécessaire. Mais ses raisonnement sont toujours fallacieux.

On retrouve également dans le discours du pervers son affection pour le contrat.
Les aspects contractuels permettent au pervers de toujours contrôler, mais également d’assouvir son désir de créer de nouvelles règles, de nouvelles lois, qu’il prendra plaisir à enfreindre, et qu’il sera toujours susceptible de modifier au gré de ses pulsions, en dépit d’une certaine psychorigidité dans la régence, dans l’ordonnancement.
L’ordre a pour but de contrebalancer son désordre, de la même façon que la ritualisation circonscrit son absence de limite.
Le rituel est en effet la dernière composante du discours du pervers. On retrouve là son goût rassurant pour la cérémonie, pour l’ordre établi. Le pervers aime mettre en scène sa vie de manière délirante, et accessoirement celle des autres le plus souvent de manière tragique, ce qui lui permet de réintroduire de la différence entre lui et les autres, de pérenniser l’illusion de sa prédestination.

Le discours du pervers est enfin omnipotent, ainsi qu’omniscient, et à ce titre il sait mieux que les autres, il connaît la vérité, la sienne et celle des autres.
Le pervers est donc de facto un savant, car il détient le savoir; un organisateur, il pose les règles; mais également un calculateur, tout est chiffrable, et un manipulateur, il détient les moyens de soumettre, de diriger autrui.
Les autres ne comptent d’ailleurs que comme des instruments interchangeables, manipulables, ou ils doivent le devenir, et pour cette raison le pervers ne supporte pas l’originalité, l’initiative, la création, la critique, la rébellion. Pour éviter d’être confronté à la critique, le pervers est d’ailleurs susceptible de l’organiser lui même, afin de mieux la contrôler.
Le cas échéant, toute forme de débordement incontrôlé venant d’autrui, sera réprimé dans la violence -mode d’action qu’il préfère au dialogue-, car rien ne doit contrarier la réalité du pervers, l’ordre qu’il est en train d’instaurer.
La guerre à ce titre n’est pour lui qu’une occasion de libérer ses pulsions de destruction, lui permettant par la suite de réorganiser, d’exporter sa réalité là où elle est susceptible d’être remise en cause, et d’accroître ainsi encore son pouvoir de destruction.
On retrouve cela concrètement dans l’impérialisme culturel américain: détruire localement les valeurs et les traditions d’une communauté afin d’y exporter des fast food, des sodas, des armes, des véhicules...le mode de vie américain.

Seul compte pour le pervers ce qui correspond à sa réalité. Amener autrui que ce soit par la séduction, par la contrainte, ou par la corruption à penser comme lui, à agir comme lui, est tout ce qui compte. Tout le reste peut être détruit. On retrouve cela en action au sein de toutes les religions monothéistes dans leur stratégie expansionniste.
Une société gouvernée par un pervers est une société où l’on existe que par ce que l’on est, notamment au niveau financier, par ce qu’on rapporte non pas à la collectivité, mais au pervers, à son système. L’individu ne compte pas par ses actes. Seul ce qui est dit, et le quantifiable, le chiffrable compte.

III Perversité et système social

Le pervers initie avec sa cible en quelque sorte un jeu de pouvoir, à l’image du jeu d’échec par exemple, où les pertes et les bénéfices sont directs, définitifs et sans contre partie -à sens unique : tout ce que l’adversaire perd profite à l’autre joueur-. Ce type de jeu est exactement le contraire de la diplomatie, de la négociation, du commerce, de l’humanité en fait. Il s’agit d’une stratégie de guerre dont l’objectif est la destruction de l’autre. Cependant, le pervers est sans limite, et pour reprendre l’exemple du jeu d’échec, ce dernier afin de détruire l’adversaire est prêt à détruire touts ses atouts, mais également les règles du jeu, ainsi que l’échiquier. C’est pour cela que le pervers est dangereux, car il ne peut pas s’arrêter. Traduit au niveau social, le pervers est prêt à détruire toute règle, toute valeur, tout principe, ainsi que le jeu lui-même c’est à dire toute structure sociale.
Après lui, ne reste généralement qu’un désert d’anomie, d’entropie, de destruction, de solitude, de défiance de chacun envers tous, de haine, voir la guerre. On notera qu’un pervers dirigeant un pays ruine toujours son économie, son peuple. L’existence de méthodes et de spécialistes de gestion a permi au société contemporaine de limiter cet aspect.
Cependant, le pervers est obsédé par l’argent, il est avide, cupide, car non seulement il ne supporte pas le manque, -du fait de désirs sans fond ne pouvant être comblés- mais également parce qu’il ne peut se contrôler. Il est de ce fait souvent obligé de saigner son peuple, d’avoir recours systématiquement à la corruption afin d’éponger ses gabegies.
La religion a d’ailleurs toujours servi les monarques pervers, en apportant son lot d’idéalisations fallacieuses comme l’amour, ou la foi, pour restaurer quelques valeurs au milieu de l’anomie, et en légitimant, en étayant la ruine, et la misère.

le pervers est obsédé par touts les attributs du pouvoir, et par ses symboles.
Il essaie toujours de les acquérir tous, afin de transformer le système sociale pour que tout lui soit permis. Cependant, la morbidité qu’il va tenter de faire régner ne mène à rien au niveau collectif, si ce n’est à la guerre, à la dépression, et à la destruction. Et c’est ce que le pervers souhaite: instaurer le règne de la violence, car c’est la seule façon pour lui d’accéder au plaisir.
On notera que l’instauration de ce type de système va directement dépendre du degré de perversité des personnalités qui seront élus au pouvoir et il ne faut jamais sous estimer l’empreinte sociale que peut laisser la personnalité d’un dirigeant. Le pervers génère de l’anomie, et ne détruit que pour générer davantage de destruction. Il ne fait pas la guerre pour reconstruire, mais afin d’accroître son pouvoir de destruction, afin de pouvoir détruire avec davantage d’efficacité, davantage d’ampleur, afin que règne enfin totalement son omnipotence morbide, dans la mise en oeuvre de l’uniformisation d’objets quantifiables sans humanité soumis à sa loi. Voilà en définitive le projet d’un système instauré par un pervers: soumettre pour détruire. Il incarne la jouissance mise au service de la mort, et c’est cela qui a des répercussions sociales, généralement souhaitées et rationnellement organisées par le pervers, afin d’asseoir sa domination

La division du travail, la systématisation des contrôles, l’organisation en ensemble toujours plus important est généralement l’oeuvre de pervers.
Tout ce qui touche au fait de régenter, de contrôler, de maîtriser, d’espionner, de dominer en ayant recours à la raison, à la religion, à la science et à la technique est initié par des pervers.
La déshumanisation, la marchandisation, l’instrumentalisation, l’objectalisation, l’esclavage, la réduction des rapports sociaux à des rapports d’argent est encore motivé par des pervers.
En fait, tout est fait par le pervers afin de consacrer le règne de ses pulsions, de sa volonté omnipotente, en abolissant toutes lois cohésives. Son but: abolir sa frustration, le manque, le refus, la critique, la rébellion, toute forme de castration symbolique. (on retrouve dans cette systématisation l’importance accordée par le pervers aux contrats qui ne laissent aucune place au hasard)

Pour ceux qui seront dignes du système instauré par le pervers, seront préservé la séparation de la sphère publique, de celle du privée, le droit à la paix, mais aussi celui de détruire de tuer, de faire la guerre, le droit à la protection de la justice jusque l’impunité, l’accès au savoir, la cohésion, l’avenir, le monopole déréel du discours, de la pensée, et donc de la critique, des richesses, de l’humour, des moyens, de la liberté.
Pour les autres, restera la négation de tout cela.
On retrouve en définitive au sein de la société perverse, le clivage, la double personnalité du pervers.

Un système social pervers favorise en fait la haine et la rancoeur, et c’est là, à mon avis que réside le problème majeur de ce type de système: l’absence de demi-mesure, ou autrement dit, l’exacerbation des extrêmes.

Le système américain, et son ultra-libéralisme, représente un exemple parfait de système pervers. Globalement, on y trouve notamment l’omniprésence des contrats dans le cadre de toute interaction sociale, la transcendance de sa justice, et un impérialisme guerrier à connotation culturelle et cultuelle.
C’est également un système qui consacre le règne du chiffre, de l’argent, de la bourse (un jeu de hasard maîtrisé), de l’économique et du comptable.
Seule la dimension économique compte pour le pervers car il peut tout lui offrir y compris l’impunité dans le crime.
Les conséquences de ce type de système sont visibles socialement et on gardera l’exemple des états unis:
-une criminalité sans frein à l’image de l’enfermement des puissants dans une jouissance crapuleuse.
-une violence gratuite banalisée
-le contrôle des médias
-la “vulnérabilisation” de la majorité de la population
-un désinvestissement de la majorité pour la politique et le fonctionnement de la démocratie
-le refuge éthique dans un mysticisme morbide
-la généralisation de pathologies telles que la dépression, ou l’hystérie (étroitement liées à la pédophilie et à l’objectalisation des femmes)
-la surveillance permanente de chaque citoyen
-la constitution pléthorique de lois, de règlements afin de contrer l’anomie.
-le renforcement du pouvoir de la police et de l’armée en réaction à l’accroissement de la détresse sociale et de la généralisation de la violence.
-une gabegie économique généralisée, voir une dépression.
-l’abolition de valeurs fondamentales telles que l’ordre des générations, les rites d’initiation et d’intégration, l’interdit de l’inceste, -quel autre sentiment peut inspirer la systématisation de mariages, d’unions, normalement marginales, d’hommes de 60 ans avec des jeunes femmes de 16 ans, que tout sépare tant culturellement, qu’à un niveau socio-économique?-, au profit de la généralisation de la “marchandisation” des relations, de la prédominance de la dimension économique sur la dimension humaine, de la déliquescence de la cohésion, et de la constitution d’un modèle de référence culturelle totalitaire.

Tout cela en fait amène structurellement les individus à se rebeller individuellement ou collectivement, la rébellion entravée entraînant le désespoir et conduit dans la durée au terrorisme.

On notera que les religions monothéistes sont de parfait complément des systèmes pervers, et c’est peut être pour cette raison, qu’elles ont su s’imposer durant des siècles au détriment de tout autre forme de croyance.
Ceci est probablement du à une idéalisation hystérique de certaines valeurs, à une certaine fascination pour la mort, pour la souffrance, -voir les auto-flagellations et crucifixions volontaires aux Philippines pour Pâques-, une banalisation de l’expression sociale de la morbidité via la systématisation de la désignation de bouc-émissaire, une “marchandisation” des individus via le mariage, l’ objectalisation officielle de leur sexualité -uniquement à des fins reproductives-, leur instrumentalisation dans le cadre du travail -tout le monde est interchangeable-.
On remarquera parallèlement la tolérance de ce type de religion pour l’abolition de la sphère du privé, -notamment par le confessionnal-, la xénophobie, le colonialisme, l’acculturation, l’esclavage, la pédophilie, l’impérialisme, le fascisme, ou la prééminence de la sphère économique sur celle du bien être social, toutes valeurs en fait que l’on retrouve au sein des système pervers. On notera également que le Vatican est le seul état au monde qui continue institutionnellement, à consacrer le règne à vie de son président et de ses ministres, et qui continue ouvertement à pratiquer le colonialisme, l’impérialisme et l’aliénation culturelle de pays entiers.

Plus pragmatiquement, à titre d’exemple concernant le genre de valeurs perverses que véhiculent certaines religions, j’ai pu apprendre récemment que les chrétiens ont toujours tolérés l’infanticide, notamment lorsqu’un fils se rebelle contre l’omnipotence d’un patriarche, ou qu’ils ont systématisé l’usage de l’opprobre, et la désignation de bouc-émissaires -sur le modèle de la vie supposée de jésus- afin de renforcer la cohésion sociale, d’imposer leur culture ou de soumettre les païens.
Ce dernier point est absolument normal dans toute dynamique de groupe, dans un but normatif intégrateur. Cela ne l’est plus lorsque c’est par perversité, c’est à dire dans le but de supprimer autrui.

Tout n’est qu’une question de subjectivité et d’extrémisme.
A la légitimation de l’infanticide catholique, on pourrait opposer le parricide de la Théogonie d’Hésiode, lorsqu’un patriarche est rendu fou par son omnipotence.
A l’idéalisation de la persécution subi par l’idole chimérique des chrétiens: jésus, et la légitimité morale qui en est faite afin de détruire toute contre culture, on peut opposer le fait que l’histoire de jésus n’a été extrapolé que d’un faits divers réel absolument banal d’un point de vu psychiatrique: la vie de Paul de Tarse. -un cas hystérique banal-
Sans entrer dans des considérations éthiques concernant les religions monothéistes, et l’influence “néfaste” que peut avoir la perversité sur l’équilibre d’une communauté, on retrouve un autre type de régulation perverses extrême dans l’antiquité grecque, mais sous une forme plus humaine que la persécution.
En effet, l’histoire du paganisme nous apprend que la coutume voulait que soit sacrifiée aux dieux toute vierge célibataire à sa majorité, ceci afin de préserver l’équilibre sociale, et d’éviter à la jeune femme de souffrir toute sa vie durant. Paul de Tarse n’a en définitive bénéficié que du malheur d’avoir été persécuté du fait de son statut d’émigré masculin, à une époque où les anxiolitiques n’existaient pas, et ne constitue donc le cas particulier que certaines religions ont voulu en faire, que dans la mesure où il échappa au sacrifice. Ceci souligne que l’apparition plus ou moins développée de cas d’hystéries en tant que manifestation pathologique individuelle cristallisant la prégnance de la perversité à un niveau collectif, a toujours existé au sein des sociétés, sans que ce phénomène soit l’apanage d’un type de culture, de système hiérarchique ou idéologique. Cependant seules les religions monothéistes ont idéalisées la propagation de la pathologie, de la morbidité et de la perversité jusqu’à en vouloir en faire un modèle social.
Pour compléter cette différence de subjectivité, on notera que l’expression de la morbidité chez les païens consistaient à se défouler dans une activité sportive, -ce qui donna les jeux olympiques-, parallèlement à l’expression sociale qu’elle pouvait prendre. La recherche perpétuelle d’un bouc-émissaire à persécuter, reste semble-t-il encore une fois l’apanage des religions monothéistes.

De la même façon, tout comme la présence de cas d’hystérie au sein d’une communauté, il semblerait que la corruption du pouvoir serait davantage liée à la perversité inhérente à la personnalité de ceux qui détiennent le pouvoir, et à l’usage qu’ils en font.
Le problème de la perversité en tant que modèle d’exercice du pouvoir n’est en conclusion qu’un problème plus global se situant à un niveau systémique, ou structurelle, quant à la régulation du comportement de certains individus.

Reste que, au cours de l’histoire, on pourra observer que les périodes païennes même dans leurs formes tyranniques ont été plus propices au progrès que les périodes monothéistes, mode de penser qui a malgré tout, toujours su s’adapter et réintégrer le système et les valeurs sociales de manière centrale, en utilisant à son profit tous les progrès réalisés par ailleurs par l’humanité.
Freud s’est d’ailleurs inspiré du paganisme pour réaliser son oeuvre, et non du monothéisme. On pourrait se demander en conclusion si progrès et perversité ne serait pas antinomique?